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"3 ans de Turquie"
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20 juillet 2007

On vote dimanche en Turquie

Les élections turques sur fond de tensions entre civils et militaires
Par Hande CULPAN

ANKARA, 19 juil 2007 - Quand l'armée turque a contribué à faire
capoter l'élection présidentielle en avril, le Premier ministre Recep
Erdogan a rétorqué par des législatives anticipées, mais le vote de
dimanche ne devrait pas mettre fin aux tensions entre civils et
militaires, selon des analystes.
La mise en garde de l'état-major sur toute remise en cause de la
laïcité, principe fondateur de la République créée en 1923 par Mustafa
Kemal Atatürk, a été un rappel cinglant de l'influence que les
militaires entendent continuer à exercer sur le régime politique de ce
pays, officiellement à 99 % musulman.
"Le génie est sorti de la lampe et il faudra du temps pour qu'il y
rentre. Cela pourrait prendre trois à cinq ans avant que les relations
militaires-civils deviennent ce qu'elles devraient être", estime
l'expert politique Ihsan Dagi.
Alors que le Parti de la justice et du développement (AKP), issu de
la mouvance islamiste, est largement en tête dans les sondages, de
nouvelles tensions avec les généraux pourraient se profiler après les
législatives, en cas d'absence de consensus sur le candidat à la
présidence.
Le conflit a éclaté en avril quand le chef de l'AKP, le Premier
ministre Recep Tayyip Erdogan, a tenté d'imposer son bras droit, le
ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül, comme président alors que
les milieux laïcs, dont l'armée, soupçonnent l'AKP de vouloir remettre
en cause la stricte séparation de l'Etat et la religion.
L'armée, qui a fait tomber quatre gouvernements depuis 1960, a menacé
d'intervenir pour défendre l'ordre séculier et la Cour constitutionnelle
a finalement annulé la présidentielle.
En réalité, il ne s'agissait pas d'une crise sur la laïcité de la
Turquie mais sur son système politique qui voit un président doté d'un
droit de regard sur l'action du gouvernement et l'armée avoir un rôle de
gardien des institutions, estime le commentateur Ali Bayramoglu.
"Il s'agit d'une lutte pour le pouvoir avec les militaires qui
s'opposent à une réduction de leur rôle dans le cas où l'AKP prendrait
la présidence", explique-t-il.
Le malaise de l'armée a pris racine au cours des cinq dernières
années lorsque l'AKP, vainqueur des précédentes législatives en 2002, a
fait adopter des réformes destinées à faciliter l'entrée du pays dans
l'Union européenne, dont certaines ont réduit les pouvoirs des
militaires.
Ces réformes ont aussi encouragé le libéralisme économique avec pour
résultat une forte croissance et des investissements étrangers records.
"Dans une société qui change aussi vite, on ne peut pas parler d'un
rôle particulier pour l'armée", note le professeur Dagi.
Dans sa contre-attaque, l'armée a trouvé le soutien de millions de
Turcs qui sont descendus dans les rues à travers le pays - à l'appel
notamment d'associations laïques qui comptent bon nombre d'anciens
militaires dans leurs rangs - pour dénoncer pêle-mêle l'AKP, l'UE et la
globalisation.
"Globalement, la Turquie est un pays stable avec cinq ans de
croissance derrière elle. Mais si vous regardez par le petit bout de la
lorgnette, la Turquie n'est pas stable du tout pour des millions de
Turcs de la classe moyenne qui considérent l'AKP comme une menace",
souligne Soner Cagaptay, directeur d'un programme de recherche sur la
Turquie au Washington Institute for Near East Policy.
Les militaires ont aussi fait pression sur le gouvernement ces
derniers mois pour une intervention contre les bases rebelles du PKK
(Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit) dans le nord de l'Irak
voisin.
M. Erdogan a fermement signifié que cette décision relevait du seul
gouvernement, appelant les militaires à s'occuper d'abord des rebelles
présents à l'intérieur du pays.

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